L'ABBAYE ROYALE D'HAUTECOMBE (Savoie - 73)
15 janv. 2022L'abbaye royale d'Hautecombe est une abbaye en activité située dans la commune de Saint-Pierre-de-Curtille sur la rive occidentale du lac du Bourget, en Savoie. Elle a été fondée en 1125 par Amédée de Lausanne, avec l'aide du comte Amédée III de Savoie et l'appui de Bernard de Clairvaux, et construite durant le XIIe siècle par des moines cisterciens. Elle est particulièrement connue pour être la nécropole de la Maison de Savoie (comtes de Savoie, leur famille, et quelques membres de la famille ducale de Savoie) puis de quelques-uns des rois et reines d'Italie.
Après une période active et prospère jusqu'au début du XVe siècle, l'abbaye, comme nombre d'autres maisons religieuses à cette époque, tombe sous le régime de la commende (gestion des biens matériels par une personne extérieure à l'abbaye), et la piété de la vie religieuse s'en ressent fortement. Les vocations se font graduellement moins nombreuses jusqu'au XVIIIe siècle, et la vocation de nécropole est complètement perdue. La Révolution française (qui agrège la Savoie, indépendante, à la France sous le nom de département du Mont-Blanc) chasse les rares derniers moines et détruit une partie de l'édifice.
Véritable nécropole des grands de Savoie (comme les rois de France avec la basilique Saint-Denis, oui), Hautecombe aura tout connu, des hauts, des bas, ainsi qu'une magnifique renaissance !
Mais chut, commençons par le tout début... Avec sa fondation.
Des moines de l’abbaye d'Aulps (Haute-Savoie) fondent un monastère à Cessens, sous le nom d'Hautecombe, « la haute vallée »... la bien nommée !
Mais c'est que saint Bernard, leur rendant visite, trouve leur mode de vie très peu conforme à la règle cistercienne.
Le lieu était trop fréquenté, peu enclin à la méditation : il leur demande de déménager en face, de l'autre côté du lac, dans un endroit appelé Charaga.
Et voilà notre monastère devenu dès 1162, le lieu de sépulture des princes et des comtes de la maison de Savoie.
Mais pas que ! De cette abbaye prestigieuse, deux papes en sortent (Célestin IV et Nicolas III), mais aussi une foultitude de cardinaux et de prélats.
Au tout début du XIIe siècle (en 1101) est fondé le prieuré d'Hautecombe, situé à Cessens dans le massif de la Chambotte, au lieu-dit plateau de Paquinôt, au pied du Fornet, dans la vallée Sessine. Des moines de l'abbaye d'Aulps, « désirant embrasser la vie érémitique, arrivèrent à un lieu, alors plein d'horreur et de solitude, appelé Hautecombe. Là, ils bâtirent un oratoire et menèrent une vie sainte et solitaire [selon la règle de Saint-Basile]… »
Ce lieu, appelé combe de Vandebert en 1126, combe de Valper au XVIe siècle, est aujourd'hui situé entre les hameaux des Granges et du Topy.
Ce terrain est donné aux moines par Gauthier d'Aix à l'abbé Varrin, vers 1121, mais après qu'ils sont déjà installés : « Au nom du Seigneur, moi, Gauterin, je donne à la bienheureuse Marie des Alpes...
Un lieu retiré propice à une vie de prière et de silence
C’est au début du XIIe siècle (vers 1139) que l’abbé cistercien Amédée de Clermont fait construire l’église ainsi que les bâtiments de l’Abbaye d’Hautecombe à son emplacement actuel avec l’aide des comtes de Savoie. Depuis ce temps et jusqu’à maintenant l’abbaye fut toujours habitée par une communauté religieuse, mis à part une courte période durant la révolution française.
Hautecombe : la nécropole de la Maison de Savoie
C’est une comtesse de Savoie en 1174 qui fut la première inhumée dans l’église. Cette coutume sera poursuivie par la plupart de leurs descendants au XIIIe siècle, moins régulièrement par la suite et rompue au XVIe siècle. Après la Révolution Française, les dépouilles des membres de la famille de Savoie ont été...
Le courant romantique
C’est de ces ruines que vont tomber amoureux de nombreux artistes qui contribuent à faire d’Hautecombe un haut lieu du romantisme. Lamartine y situe son roman autobiographique Raphaël (1849). Voici quelques extraits :
![Lamartine](https://ekladata.com/lzr8VQdmdhPBPndk7eVvA81_oc0@150x242.jpg)
Grottes ! Forêt obscure !
Vous, que le temps épargne
ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit,
gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu’il soit dans ton repos,
qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect
de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins,
et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux. «
![](https://ekladata.com/89lZS37Op9qb6UTOsOOGEYu63Ys@1199x799.jpg)
L’Abbaye est donc relevée dans le style néo-gothique flamboyant ou troubadour peu habituel. Ce style troubadour est un mouvement artistique dont il ne reste à ce jour que très peu d’édifices.
Ce style s’oppose à celui de l’église primitive cistercienne par l’exubérance des décors sculptés et par la richesse de l’ornementation tant sculpturale que picturale.
Le décor
![](https://ekladata.com/nzGKV1K0-obkGqGB-rA5fh4wIQY@1199x799.jpg)
Les tableaux
![](https://ekladata.com/l8-yehDL70dYLj2li35W6EMopXQ@1199x1799.jpg)
La Crucifixion (XIVe– XVe siècle), située dans la chapelle saint Michel, est peinte sur bois. Il s’agit de la porte de l’ancien tabernacle de l’abbaye d’Hautecombe. La grande qualité de cette œuvre illustre la finesse de l’ornementation des autels princiers de la Cour de Savoie.
Le lac du Bourget sous toutes ses faces